vendredi 26 février 2010

Santé et recherche: quand la région vient pallier les défaillances de l'Etat

La grande réunion publique de Villejuif a permis hier soir à Jean-Paul Huchon de revenir sur son projet consacré à la santé. Le secteur social, la santé, l’aide aux personnes âgées ou en situation de handicap, ne font pas partie des compétences légales de la région. Néanmoins, pour faire face aux attaques répétées de la droite contre notre système de santé, la gauche a décidé de faire de l’Ile-de-France un acteur incontournable de toutes les politiques de solidarité, se substituant bien souvent aux défaillances de l’Etat. Le gouvernement supprime 4 000 postes à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris d’ici à 2012, il développe les franchises médicales, les déremboursements de médicaments et augmente le forfait hospitalier.
La gauche francilienne, quant à elle, a créé 43 000 places d’hébergement pour les personnes âgées et 60 000 places en structures spécialisées. Elle s'engage à investir un milliard d’euros dans la santé au cours de la prochaine mandature:
Plan de rénovation des urgences hospitalières, lutte contre les inégalités dans l’accès au soins avec la participation à l’ouverture de centres de santé et avec le contrat "RéciproSanté" : aide financière aux études des futurs médecins qui souhaitent exercer dans les zones sous-équipées
Aide au financement de la mutuelle pour tous les jeunes de moins de 25 ans, mise en place d’un Pass contraception (consultation médicale gratuite, accès à tous les modes de contraception et à des analyses médicales)
Plan de prévention et de lutte contre la maladie d’Alzheimer, dispositif adapté de formation de personnel pour le maintien à domicile
• Observatoire régional de la santé au travail (étude sur le stress notamment)

La réunion de Villejuif a également été l'occasion, pour Isabelle This Saint-Jean, de redire le bilan de la région en matière d'aide à la recherche. Face au dirigisme et à l'autoritarisme du gouvernement dans ce domaine, face aux présentations biaisées qui lui permettent d'afficher de "faux milliards" en déplaçant des lignes de crédit qui sont sans cesse ré-annoncées sous différentes formes, la région joue la carte de la concertation et assume un rôle de véritable contrepoids dans un domaine qui n'est pourtant pas de sa compétence directe: 1,28 milliards d’euros investis depuis 2004, dont 5 % du budget régional en 2010 (contre 2,1 % pour l’Etat); 13 000 bourses pour des études ou des stages à l’étranger; 1 000 jeunes chercheurs financés; soutien massif au développement immobilier de tous les sites universitaires, avec priorité aux bibliothèques; aide financière pour le développement des pôles Paris Est, Condorcet et Saclay. Mme This Saint-Jean a insisté sur l'effort tout particulier programmé pour la prochaine mandature en direction des jeunes docteurs, souvent pris aujourd'hui dans une situation effrayante qui les voit enchaîner des "post-doc" et peiner à se faire embaucher par les entreprises en dépit de l'excellence de leurs qualifications.

3 commentaires:

Fab a dit…

Sandra,
Tous mes voeux de succès pour cette nouvelle échéance électorale!

En ce qui concerne la recherche en ile de france, je me réjouis de voir que les conditions précares des jeunes chercheurs n'ont pas été oubliées. Le salaire d'un doctorant en France tourne aux alentours de 1300-1400 euros bruts dans les meilleurs cas (à titre de comparaison, on est a 2000-2500 euros en Suède, Suisse, Danemark pour ne citer qu'eux). Autant cela pourrait "suffire" dans d'autres régions moins urbanisées, autant à Paris ou Orsay, au vu ne serait-ce que des loyers pour un logement non-étudiant, c'est assez ridicula. Même problème pour les premiers postes de recherche CNRS qui sont à des salaires équivalents. C'est un vrai problème, et je suis curieux d'en savoir un peu plus. Quelles sont les mesures qui ont été proposées dans votre programme pour combattre cette précarité et éviter ce qu'on nomme de manière assez manichéenne "la fuite des cerveaux", à l'étranger, ou dans le cas présent, vers d'autres régions?

Fabrice Eroukhmanoff,
chercheur en Suède.

Sandra Provini a dit…

Bonjour Fabrice,
Comme tu l'écris, les salaires des doctorants en France sont particulièrement faibles, et c'est presque pire pour les post-doctorats, quasi inexistants dans le domaine des Sciences humaines et sociales que je connais le mieux (les postes d'Attaché temporaire d'enseignement et de recherche sont souvent proposés à mi-temps, ce qui avec le train et l'hôtel à payer pour rejoindre son université - dur de déménager à chaque contrat d'un an ! - laisse à peine 700 ou 800 euros par mois). D'où le fait que l'on annonce d'ici 2017 30 % de doctorants en moins !! Mais tout cela relève de la politique du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et les régions n'ont pas vocation à se substituer à l'Etat sur ce point.
Néanmoins, en Ile-de-France, 5 % du budget de la région a été consacré au soutien à la recherche au cours de la dernière mandature, essentiellement par l'attribution d'un millier de bourses de doctorat (d'un montant plus élevé que celles de l'Etat, 1450 euros) et la création de post-doctorats (pour 1 à 3 ans, 2100 euros). Il est prévu de poursuivre cette politique d'attribution de bourses, autour de 200 par an, avec un rééquilibrage en faveur des post-doc, et de soutenir l'embauche des jeunes docteurs dans l'administration, les entreprises et les universités. Je te renvoie au site http://www.huchon2010.fr/sites/default/files/Enssup.pdf

Sandra (docteur en SHS depuis décembre 2009)

Fab a dit…

merci pour ces éléments d'information, cela me semble en effet être la seule solution, puisque le gouvernement semble totalement ignorer ce problème, le conseil régional se doit de continuer dans cette voie. Il me semble cependant bien ironique que la tête de liste UMP soit aussi ministre de la recherche! Mais pour rester sur les salaires de chercheurs, il est aussi bon de savoir qu'un chercheur CNRS classique qui vient de recevoir un poste percevra un salaire brut d'environ 1400 euros lui aussi. Alors certes, on nous dira qu'il aura la sécurité de l'emploi puisque ce type de positions sont "à vie", qu'il sera par la suite un peu augmenté, etc. Il est d'autant plus vrai que nous chercheurs dans le publique, n'avons pas spécialement choisi cette voie pour ses attraits financiers. Mais encore faudrait-t-il pouvoir vivre décemment, à paris, en banlieue ou ailleurs...