En séance plénière du Conseil régional d'Ile-de-France ce matin, nous avons adopté deux plans triennaux de lutte contre les discriminations et de promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes.
J'ai eu l'occasion de prendre la parole, au nom du groupe socialiste et républicain, pour soutenir les plans présentés, qui reflètent l'action de l'institution régionale dans tous ses domaines d'intervention, depuis les lycées et les CFA jusqu'à la formation professionnelle, mais aussi l'action sociale, le sport, la culture... Vous trouverez ci-dessous le verbatim.
Monsieur le Président,
Monsieur le
Vice-Président,
Cher-e-s
collègues,
La présentation des plans d’actions de lutte contre
les discriminations et en faveur de l’égalité femmes-hommes, intervient à un
moment bien singulier. Celui de l’accroissement
des difficultés sociales, et avec elles des tentations de replis, voire de
rejet de l’autre.
Si nous sommes nombreux dans cet hémicycle à nous
réjouir de la réalisation de la promesse qu’avait faite François Hollande de
permettre le mariage des personnes de même sexe, progrès historique dont nous
sommes fiers, car ce changement d’air permet à la fois d’accroitre la liberté
et en même temps de sécuriser juridiquement l’union des personnes de même sexe,
nous sommes tout aussi nombreux, je le crois, à rester extrêmement vigilants face aux violences homophobes, tant
verbales que physiques, qui persistent dans notre société.
Le contexte est aussi celui d’une inégalité tenace entre les hommes et les femmes, qui, malgré les
prises de conscience, malgré la lente déconstruction des préjugés et ce symbole
qu’est le nouveau ministère des Droits des femmes, voit encore dans notre pays
les femmes être, à niveau de qualification et de responsabilité équivalents,
encore moins bien payées, moins bien considérées, moins bien représentées que les hommes dans le monde du travail, mais
aussi, par exemple, les instances dirigeantes du sport ou les institutions
politiques.
Alors, quand on voit l’UMP régionale, par opportunisme
politique et avec un sens aigu de la mise en scène, lancer des pétitions depuis
la rue du jeu de Paume à Versailles, pour attaquer la politique familiale du
gouvernement et défendre, je cite, « un libre choix pour les femmes »,
alors que, précisément, les 100 000
nouvelles places en crèche annoncées et le partage du congé parental entre les
deux parents permettra que le soin des jeunes enfants ne repose plus, comme
c’est trop souvent le cas, sur les seules mères, obstacle majeur à l’emploi
des femmes, il est plus que nécessaire de rappeler nos actions concrètes en
faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes et d’exprimer une réalité,
celle du constant renforcement des
interventions régionales de lutte contre toutes les formes de discrimination.
En effet, ces plans d’actions, pour la première fois,
recensent de manière complète et transversale, l’ensemble des actions mises en
œuvre dans les domaines évoqués. Et il n’est qu’à lire les quelques 300 pages
du rapport pour comprendre qu’elles sont nombreuses. Ce travail est donc
précieux, et à ce titre je souhaite
remercier les services pour avoir minutieusement collecté l’ensemble de ces
informations et saluer l’engagement du Vice-Président et de tous les
collaborateurs et collaboratrices qui se sont attelés à cette tâche.
Cette déclinaison du rapport votée en février 2012 a
le mérite de donner le panorama complet
des dispositifs existants dans tous les secteurs de l’action régionale. Elle nous rappelle que la lutte contre
les discriminations n’est pas une politique publique ordinaire, mais avant tout
une conception de notre société, qui doit infuser l’ensemble de nos politiques,
qu'il s'agisse de l'éducation, de la formation ou encore de l'emploi. Elle nous permet aussi d’envisager la poursuite de
nos actions de lutte contre le sexisme,
le racisme, l’homophobie, contre toutes les inégalités de traitement en
fonction du sexe, de l’origine, des handicaps, et d’identifier les priorités
politiques qu’il nous faut affirmer ou réaffirmer, notamment face à certaines discriminations qui ne sont pas encore
prises en compte par la loi, mais commencent à émerger dans le débat public.
Au titre des priorités qui doivent
être les nôtres, il y donc les discriminations cumulatives, quand, en raison de
leur sexe, de leur âge, de leur origine, de leur adresse, des personnes se
trouvent placées dans des situations de grande détresse, et je vous recommande
à ce sujet, cher-e-s collègues, la lecture du tout récent ouvrage de François
Dubet, Olivier Cousin, Eric Macé et Sandrine Rui, Pourquoi moi ?, qui nous
donne à entendre leur vécu et leur profond sentiment d’injustice, parfois de
colère.
Parmi nos priorités, il y a aussi, évidemment, face aux difficultés qui frappent plus
durement les femmes en cette période de crise, la lutte contre les temps
partiels, aux 3/4 féminins et trop souvent subis, et l’on pense en particulier
aux mères de familles monoparentales, dont une sur deux seulement occupe un
emploi à temps complet, près du tiers d’entre elles vivant en dessous du seuil
de pauvreté, ainsi qu’aux femmes isolées en
milieu rural. Nous voulons promouvoir l’égal accès à la santé, à toutes les
filières de formation, à la culture ou encore au sport, mais aussi renforcer l’accompagnement des femmes
victimes de violences, auquel notre groupe est particulièrement attentif et
nous nous réjouissons, à ce titre, que l’Observatoire de lutte contre les violences
faites aux femmes soit installé très prochainement.
L’ensemble des « fiches-action » qui
figurent dans le rapport ne pourrait être cité ici, mais les efforts consentis
sont importants, autant que les chantiers qu’il nous reste à entreprendre.
Il est toujours plus facile, on le sait, de proclamer
l’égalité réelle que de la réaliser, mais ces plans d’actions sont le
témoignage d’une action régionale
concrète et quotidienne pour combattre les préjugés, casser les réflexes
souvent trop bien ancrés, dans l’entreprise, à l’école, dans la société. C’est
bien de notre responsabilité que de réinterroger sans cesse les modèles, les
habitudes, l’ensemble des réflexes conscients ou inconscients, qui excluent de
la société celles et ceux qui ont le plus besoin d’être assurés de leur juste
place. Il ne s'agit pas d’attendre une
évolution qu’on espèrerait "naturelle" de notre société vers plus d’égalité, mais
bien d’être en prise avec la réalité que nous vivons ici et maintenant,
celle de la discrimination à l’embauche, de l’individualisme, des préjugés de
toutes sortes, et d’agir concrètement,
au quotidien, au plus près des Franciliennes et des Franciliens, pour la transformer.
C’est pourquoi nous soutenons pleinement ces plans
d’actions, qui sont bien l’expression de notre volonté collective d’agir, et le
groupe socialiste et républicain sera attentif à ce que les trois prochaines
années soient celles de la poursuite de nos efforts communs en faveur de
l’égalité et contre les discriminations.
Je vous remercie de votre attention.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire