lundi 11 janvier 2010

Grand Paris : une recentralisation archaïque sans ambition

Deuxième extrait de la dernière Lettre de Serge Lagauche, sénateur PS du Val-de-Marne (n° 23, décembre 2009, p. 3):

Le projet de loi relatif au développement du Grand Paris a été adopté par l'Assemblée Nationale le 1er décembre dernier. Il consiste pour l'essentiel à créer un établissement public : la société du Grand Paris, chargée de la construction d'un métro automatique de 130 km de long.
Le projet de M. C. Blanc, secrétaire d'Etat chargé du développement de la Région Capitale, est dangereusement déconnecté des réalités que vivent les Franciliens. Il n'est en réalité que l'illustration de la volonté du gouvernement de liquider les acquis de la décentralisation et d'assurer la mainmise d'un Etat impécunieux sur l'aménagement de l'Ile-de-France.
Mené sans concertation avec les élus territoriaux, ce projet repose sur une ambition technocratique au motif exclusif de la compétitivité des entreprises. Or, l'urgence est ailleurs ! Comme le préconisent de concert la région Ile-de-France et le rapport rédigé par M. G. Carrez sur le financement des transports en Ile-de-France, l'urgence commande la réalisation rapide de nouveaux moyens de transport à disposition des Franciliens : Arc Express, prolongement de la ligne 14 et de Eole vers l'Ouest, et bien entendu la rénovation des lignes RER.
Or, le texte adopté par l'Assemblée Nationale donne compétence à l'Etat, et à lui seul, pour définir les tracés, le niveau de service et le gestionnaire de ce nouveau métro automatique, tout en reportant la charge de l'exploitation sur les collectivités territoriales ! L'Etat est déclaré seul compétent pour aménager les abords des 40 nouvelles gares prévues, en y décidant de ce qu'il faut y construire, piétinant ainsi les documents d'urbanisme des communes, fruits de nombreuses concertations locales et porteurs d'équilibres territoriaux et sociaux. Les travaux du syndicat mixte d'études Paris Métropole, ceux de la Région Ile-de-France, des intercommunalités et de la ville de Paris seraient donc réduits à néant par un projet de loi qui fait croire qu'il suffit d'annoncer un projet pour qu'il sorte de terre.
Or c'est un fait : le gouvernement n'a pas les moyens de ses ambitions pharaoniques. Pour financer son projet de rocade automatique, le gouvernement annonce en effet un nouvel emprunt de 21 milliard d'euros, mais aucun arbitrage n'a été rendu. Qui va payer ? Quels seront les autres projets d'urgence qui seront finalement abandonnés ? Quelles solidarités financières entre les territoires sont envisagées ? Aucune réponse, du moins pas lors des débats à l'Assemblée Nationale.
(...) Les sénateurs socialistes franciliens considèrent en effet qu'une alternative est possible. Nous défendrons une métropole capable d'offrir à ses habitants des logements en nombre suffisant, des transports de qualité et une croissance économique créatrice d'emplois et de richesses répartis équitablement, le tout en concertation avec les élus locaux, sans qui rien n'est possible.

Aucun commentaire: