jeudi 19 novembre 2009

Mastérisation : la formation des maîtres en échec

Engagée depuis plus d’un an dans une confusion totale, après avoir été un des sujets principaux des mobilisations universitaires cette année, la réforme de la formation des maîtres, dite de « mastérisation », continue de susciter de très fortes oppositions.
Cette réforme, qui consiste à recruter les futurs enseignants après un master, alors que jusqu’à présent ils étaient recrutés après une licence, cache en effet ses intentions réelles. Celles-ci sont pourtant claires :
1. ne plus payer les futurs enseignants pendant leur année de formation, et ainsi supprimer des milliers d’emplois, au détriment des étudiants qui voient leur accès à un emploi encore retardé.
2. créer un vivier de personnes diplômées d’un master enseignement afin de les recruter directement sur des postes de contractuels dans les établissements, contournant ainsi les concours nationaux.

Les conséquences de la réforme sont très graves : elles affaiblissent la formation professionnelle des futurs enseignants et déstabilisent les formations universitaires. A terme, c’est le statut des enseignants qui sera attaqué, par le recrutement de contractuels en lieu et place des fonctionnaires.
Ce statut gêne le gouvernement qui veut limiter l’autonomie pédagogique et mettre les enseignants à sa botte. En témoigne l’épisode de la lecture imposée de la lettre de Guy Môquet.

De plus, cette réforme a été précipitée et est irréalisable, au point que les modalités de mise en place de ces fameux masters sont contestées de toutes parts.
Valérie Pécresse, Xavier Darcos puis Luc Chatel veulent avancer au pas de charge pour imposer leur réforme et passer à d’autres étapes, comme la préparation de la campagne des régionales 2010. Le Parti socialiste rappelle, à ce propos, que les intérêts de l’Education nationale ne coïncident pas forcément avec ceux de la ministre-candidate.

Le Parti socialiste demande au gouvernement de suspendre sa réforme et d’écouter plus attentivement les professionnels et tous ceux qui sont impliqués dans la formation des futurs enseignants.
Le Parti soutient la valorisation du métier d’enseignant par la prise en compte du niveau master dans les rémunérations, niveau qui était déjà atteint de fait par les enseignants à l’issue de leur formation professionnelle. Pour les socialistes, les enseignants doivent bénéficier d’un statut de fonctionnaire, garant de leur neutralité vis-à-vis des pressions de toutes parts. Il rappelle l’importance des concours nationaux, garants de l’égalité républicaine.
Enfin, le Parti socialiste propose de rendre plus attractives les filières conduisant à l’enseignement par la mise en place de bourses attribuées à des étudiants s’engageant dans cette voie.
Alors que le gouvernement tente de détourner l’attention du pays avec son pseudo-débat sur l’identité nationale, le Parti socialiste rappelle que l’école républicaine est le socle de transmission de nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Si l'on met en péril la formation des enseignants, dont le rôle social est primordial, c’est toute la société qui en payera les conséquences.

Communiqué de Bertrand Monthubert, secrétaire national à la recherche et à l’enseignement supérieur, et de Bruno Julliard, secrétaire national à l’éducation, le 16 novembre 2009

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