mercredi 7 octobre 2009

Le rapport 2009 du PNUD sur les migrations

Le Monde daté du 6 octobre dernier (n° 20123, p. 4) consacrait une pleine page à la question des migrations, mettant en avant le rapport 2009 du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui contribue à dissiper quelques mythes tenaces. L'article de Grégoire Allix rapporte les principaux enseignements de ce rapport: "Ceux qui ont le plus à gagner sont ceux qui migrent le moins. Les pays les plus pauvres ne forment qu'une faible part des flux migratoires. Le taux d'émigration moyen des pays à faible indice de développement humain (IDH) est inférieur à 1 %, contre près de 5 % dans les pays à IDH élevé. Pourtant, dans un pays développé, un migrant issu d'un pays à faible IDH multiplie ses revenus par quinze, double le taux de scolarisation de ses enfants, divise leur mortalité infantile par seize." Si les transferts de fonds effectués par les travailleurs migrants vers des pays en développement ont atteint 308 milliards de dollars en 2008 (trois fois le montant de l'aide publique au développement), ces transferts "ne sont pas directement dirigés vers les familles les plus pauvres ni les pays les plus pauvres." Ainsi, en 2007, moins de 1 % des transferts ont été envoyés dans les pays à plus faible IDH, où ils n'égalaient que 15 % de l'aide publique au développement.
Selon le PNUD, la migration représente un bénéfice net pour les pays d'accueil: "Il n'existe aucune preuve d'impacts négatifs de l'immigration sur l'économie, le marché du travail ou le budget, alors que les bénéfices ne sont plus à démontrer dans des domaines comme la diversité sociale et la capacité d'innovation." Au contraire, d'après les études du PNUD, l'immigration accroît l'emploi et, à court terme, la croissance démographique résultant des migrations augmente le PIB réel par habitant. "Les migrants donnent généralement plus qu'ils ne reçoivent. L'impact sur les finances publiques reste faible", ajoute un statisticien cité par cet article qui rappelle, pour finir, que "la population en âge de travailler va fondre de 23 % entre 2010 et 2050 en Europe."
Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au Centre d'études et de recherches internationales, confirme ce diagnostic: "Toutes les études montrent [que la migration profite aux Etats]. Mais les pays ne sont gagnants qu'à condition que les migrants aient un statut, qu'ils payent des cotisations sociales, consomment, envoient de l'argent à leurs proches... et non qu'ils se cachent toute la journée. Or actuellement, dans la plupart des pays développés, les moins qualifiés, ceux qui ont les métiers les plus pénibles, sont des sans-papiers. Il est urgent de développer un statut du migrant. Cela manque terriblement dans le monde d'aujourd'hui. Les mobilités ne sont pas accompagnées, elles sont entravées. En matière de santé, d'environnement, les gouvernements écoutent l'avis des spécialistes. Les migrations sont le seul domaine où les Etats font systématiquement le contraire de ce que préconisent tous les experts !"

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