mercredi 6 février 2008

Conférence de presse RESF aujourd'hui au Sénat

Ce matin, au Sénat, s'est tenue une conférence de presse du réseau éducation sans frontières (RESF) dont je constate malheureusement qu'elle n'a suscité que peu d'échos. J'en ferai donc ici un bref compte rendu.

Cette conférence de presse a réuni environ cent personnes à l'invitation des sénateurs Nicole Borvo (PCF) et Jean Desessard (Vert). Etaient présents Jean-Luc Mélenchon (PS), Jacques Muller (Vert), Nicole Bricq (PS), le vice-président du Sénat Guy Fischer (PCF), ainsi que des représentants d'associations (Ligue des droits de l'homme, Attac...) et de syndicats (FSU, CFDT, CGT...), et surtout des membres de RESF qui accueillent des familles dites "sans papiers".

Les parlementaires se sont d'abord exprimés pour dénoncer la politique non seulement inhumaine mais aussi absurde que mène le ministre de l'immigration et de l'identité nationale. Absurde car il est tout simplement impossible d'expulser toutes les personnes en situation irrégulière qui vivent en France. Au rythme actuel, il y faudrait vingt ans, à supposer qu'aucune entrée n'ait lieu entre temps.
La politique menée par Brice Hortefeux n'a donc rien d'une politique de raison, elle n'est source que de violences et d'humiliations. Sans même parler de son coût exorbitant : depuis 2003, l'équivalent du budget annuel du ministère de la culture. Tandis que le maintien dans une clandestinité forcée de 200 ou 400 000 travailleurs corvéables à merci, véritables esclaves modernes, favorise une économie parallèle basée sur le travail au noir et échappant au droit du travail (avec ce que cela suppose de manque à gagner en matière d'impôts et de cotisations sociales, et de pression à la baisse sur les salaires de tous).

Tous les parlementaires de gauche présents s'accordaient pour demander une autre politique, une politique d'accueil responsable, car chacun sait que les migrations vont aller croissant dans les années à venir, ne serait-ce qu'en raison du changement climatique. Au rebours de la politique actuelle qui fait de l'Europe une forteresse assiégée, il est nécessaire de fluidifier les échanges, de favoriser les déplacements d'un pays à l'autre, avec des visas permettant des allers-retours multiples sur plusieurs années. Les hommes et les femmes qui traversent les mers pour travailler dans nos pays afin de nourrir leur famille ne seraient ainsi plus contraints de se déraciner définitivement.

La conférence s'est terminée avec les témoignages de deux familles "sans papiers" protégées par RESF.

La première de ces familles est déchue de la nationalité kazakhe et menacée de mort dans son pays d'origine. Elle a pourtant été déboutée d'une demande d'asile, au motif que le Kazakhstan ne figure pas sur la liste, dressée au niveau européen, des pays dangereux (le droit d'asile personnel n'existe plus). Les parents et leurs deux tout jeunes enfants ont séjourné trois fois en rétention en moins d’un ans. Ayant pu échapper à l'expulsion, ils vivent depuis plusieurs mois sous la protection de membres de RESF, mais la famille est séparée, et l'enfant n'est plus scolarisée en raison du risque permanent d'arrestation.

Le père de la seconde famille, d'origine malienne mais résidant depuis 18 ans en France, a été expulsé au début de l’année 2007, expulsion accompagnée de violences, coups et injection de sédatif. De telles violences ont lieu dans un quart des expulsions, selon un membre de l'unité spéciale UNESI. Sa femme et ses quatre jeunes enfants se sont retrouvés privés de toute ressource. Il est revenu le 25 décembre après avoir failli perdre la vie dans la traversée, et vit toujours caché et séparé de sa famille.

Je pourrais faire mienne la conclusion de cette conférence : rien ne saurait justifier que nous infligions à ces personnes des situations aussi inhumaines. Il faut que cette politique du chiffre s'arrête immédiatement, et cela passe par la mobilisation de chacun d'entre nous.

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