Voici l'analyse des élus de gauche du conseil municipal de Saint-Mandé - Geneviève Touati, Philippe Leray et moi-même - sur les "Ateliers de la dépense publique" :
Qui ferait grief à un maire d’informer ses concitoyens sur
l’état des finances de la ville et d’en débattre ? Assurément pas nous,
élus de gauche, dont le programme aux municipales prévoyait un compte rendu
annuel consacré aux finances de la ville et à sa gestion.
Mais tout autre est la démarche du maire de Saint-Mandé dans
son opération de communication baptisée « Ateliers
de la dépense publique » et dont
nous ne pouvons que dénoncer la malhonnêteté intellectuelle : il s’agit d’une
parodie de démocratie participative.
Dans un questionnaire mêlant allègrement des services qu’une
commune est tenue d’assurer (état civil, école primaire) avec des services qui ont
pour vocation de permettre le fonctionnement de la commune (administration
centrale) et des services qui fournissent des prestations aux habitants (crèche,
centre de loisirs, conservatoire, CCAS), il est demandé aux Saint-Mandéens de
désigner ceux de ces services qui doivent être abandonnés.
Cette consultation est dépourvue de tout sérieux. Qui va répondre
qu’il faut abandonner l’entretien de la voierie ou la tenue de l’état
civil ? Et sur quels critères se prononceront les Saint-Mandéens sur les
autres services ? Aucune information sérieuse ne leur est donnée si ce n’est le
coût de quatre prestations qui – curieusement – concernent essentiellement les
familles.
Cette présentation partiale ne vise qu’à frapper les esprits
et, dans une période de rigueur budgétaire, à induire l’idée que les services
bénéficiant aux familles pourraient être supprimés ou privatisés.
Tel est le résultat recherché par la majorité
municipale : focaliser l’opinion sur le coût de ces services, pour se prévaloir, au travers
d’ateliers qui ne réunissaient qu’une vingtaine de personnes ne disposant que
d’informations parcellaires, d’un consensus sur leur abandon ou l’augmentation
de leurs tarifs en faisant valoir que c’est à l’usager de payer et non au
contribuable. Or l’usager est aussi un contribuable : opposer l’un à
l’autre n’a pas de sens.
Le service public participe du lien social. Selon les étapes
de la vie, notre taux de fréquentation des services publics varie. Faut-il pour
autant considérer que notre contribution via l’impôt ne doit se limiter qu’aux
services qu’on fréquente ?
Certes les collectivités locales sont confrontées à la
rigueur budgétaire et doivent faire des économies. Mais il n’était pas besoin
d’une opération démagogique comme ces « Ateliers » pour retenir
quelques pistes.
Tout d’abord se conformer à la loi : la ville paie
aujourd’hui le prix de la politique du maire qui n’a pas respecté les
obligations de réalisation de 25% de logements sociaux. La commune vient d’être
sanctionnée : le 31 octobre, un arrêté préfectoral a prononcé la carence de la
ville. C’est une pénalité de 450.000 euros par an qu’elle va devoir payer à
partir de 2015. Voilà une dépense qui n’avait pas lieu d’être.
Et ce n’est pas la seule, car en matière d’économies la
majorité a bien des progrès à faire. Ainsi que n’a-t-elle accédé plus tôt aux
demandes de l’opposition pour des marchés publics passés en commun et la
mutualisation de services avec les villes avoisinantes ? Que n’a-t-elle
adopté notre proposition de limiter à 8 le nombre d’adjoints (économie de 30.000
€ /an) et de renoncer à augmenter les indemnités des élus ? Que dire des
dépenses de communication et de représentation, des frais d’études injustifiés
(le recours à une société privée pour la refonte du BMO !), des
subventions contestables ? Pourquoi la ville ne se lance-t-elle pas dans
une politique de réduction des consommations d’énergie ?
Mais il est tellement plus facile de pénaliser une catégorie
de la population que de revoir sa propre gestion !
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