vendredi 23 novembre 2012

Une région engagée pour l'égalité entre les femmes et les hommes

En séance plénière du Conseil régional, les 22 et 23 novembre, j'ai eu l'occasion d'intervenir sur les engagements de la Région Ile-de-France pour l'égalité entre les femmes et les hommes, au cours du débat sur le rapport proposé par le groupe Front de Gauche sur ce sujet, et après le vote de la Convention cadre "Territoires d'excellence en matière d'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes" qui engage un partenariat entre l'Etat et la Région. Vous trouverez ci-dessous la vidéo et le verbatim de mon intervention.




Monsieur le Président,
Cher-e-s Collègues,

En 2012, la marche pour l’égalité entre les femmes et les hommes est loin d’être achevée. Crise économique et sociale, représentations sexistes tenaces, idéologies rétrogrades et intégrismes de tous ordres, autant de menaces et de freins à l’égalité des droits des citoyennes et des citoyens.
La conquête d'un égal accès aux droits pour les femmes n’est pas une « affaire de femmes » mais bien un enjeu au cœur de notre société. Notre pays ne progressera pas si la moitié de la société continue à être discriminée et freinée dans sa lutte pour l’émancipation.
De ce fait, l’égalité femmes-hommes n’est pas une politique publique ordinaire, c’est avant tout une conception de notre société, qui doit infuser l’ensemble des politiques publiques, qu'il s'agisse de l'éducation et de la formation, de l'emploi ou de la lutte contre les processus discriminatoires dans tous les domaines. Ces combats ont été de tout temps portés par l’ensemble des partis de gauche. L’élection de François Hollande en mai dernier permet d’ouvrir un nouveau champ de conquêtes pour les droits des femmes au travers de la création d’un Ministère dédié, placé sous l’autorité du Premier ministre.
Agir pour passer de l’égalité des droits à l’égalité réelle, c’est dans ce sens que la Région Île-de-France, sous l’impulsion du vice-président Abdelhak Kachouri, a souhaité orienter ses travaux au travers du rapport cadre « Politique régionale pour l’égalité réelle et contre les discriminations », voté le 16 février dernier par cette assemblée.
Le rapport proposé par le groupe Front de gauche confirme et renforce un travail engagé collectivement par la région depuis plusieurs années et qui se traduira par la mise en œuvre d’un Plan d’action spécifique en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes qui sera présenté par le vice-président en février 2013. 

La dynamique francilienne pour la promotion de l’égalité femmes-hommes est bien engagée !
Nous avons pu le constater tout à l’heure avec la présentation de la convention cadre qui engage la Région et l’Etat à développer des expérimentations en matière d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Ce partenariat interviendra sur deux grands volets, « l’égalité professionnelle dans les PME et TPE », sachant que les petites et moyennes entreprises représentent en Ile-de-France plus de 60 000 entreprises et plus du tiers des emplois (37%). Il s'agit aussi de promouvoir la mixité des filières et des métiers dans un contexte où l'emploi féminin se trouve polarisé sur un nombre restreint de professions, en particulier dans les secteurs para-médical et social.
Nous nous réjouissons que notre collectivité s'engage aux côtés de l'Etat dans une action volontariste dans ce domaine, car l'égalité professionnelle et l’autonomie financière constituent, aujourd'hui comme hier, un aspect central du combat féministe permettant de concrétiser l’indépendance et l’émancipation des femmes.
En effet, si les femmes ont progressivement conquis le droit de travailler, d’obtenir un salaire égal pour un travail de valeur égale, dans les faits, de nombreuses inégalités demeurent, et même s'aggravent en période de crise : inégalités de rémunérations, évolution professionnelle plus lente, plafond de verre qui freine l'accès des femmes aux postes à hautes responsabilités, concentration des femmes dans des métiers moins valorisés et moins rémunérés, sous-représentation dans les créations d'entreprises (on compte 1 créatrice pour 3 créateurs d'entreprises en IDF)…
Depuis le début de la crise économique, la proportion des femmes salariées à temps partiel, bien souvent contraint, s’est encore accrue, en particulier parmi les jeunes femmes de moins de 25 ans. Le temps partiel, à 73% féminin, se conjugue fréquemment avec des statuts d'emploi temporaires : à situation équivalente, la probabilité pour une femme d'occuper un CDI est inférieure de 10 points à celle des hommes. Les emplois précaires sont souvent associés à des horaires atypiques et des conditions de travail difficiles, préjudiciables à la santé des femmes, et à leur vie personnelle et familiale. Nous pensons tout particulièrement aux quelques 400 000 franciliennes qui élèvent seules de leurs enfants. En effet, seule une mère de famille monoparentale sur deux occupe un emploi à temps complet et plus de 30 % vivent en dessous du seuil de pauvreté. Leurs contraintes, et tout particulièrement celles des mères d'enfants en bas âge, pénalisées par le manque de modes de garde, surexposent les moins qualifiées aux emplois précaires et au chômage. Le rapport du Secours catholique, publié il y a quelques jours, a mis en lumière ce phénomène : si en 2001, cette association rencontrait autant de femmes que d’hommes, dix ans plus tard, 57 % des adultes en situation de pauvreté sont des femmes. Précarité, faibles rémunérations – rappelons que les deux-tiers des salariés à bas salaires sont des femmes – ont des répercussions inéluctables sur le niveau des pensions de retraite : en 2009, les femmes représentaient 70 % des bénéficiaires du minimum vieillesse, et le niveau des pensions des femmes était inférieur de 46% à celui des hommes.
L’égalité des carrières professionnelles et des rémunérations entre les femmes et les hommes doit donc enfin devenir une réalité et c’est tout l’enjeu de la convention « Territoire d'excellence » signée avec l’Etat, par laquelle notre région s'engage à promouvoir une culture de l'égalité dans l'entreprise comme dans la formation initiale, tâche décisive quand on sait combien pèse sur l'orientation des jeunes un déterminisme sexué construit dès la petite enfance, et je pense notamment aux jeux symboliques et aux publications destinés aux « bébés filles » ou aux « bébés garçons ».
Le rapport présenté par le Front de gauche, dont l'une des propositions centrales est précisément de renforcer les moyens que met en œuvre notre collectivité pour lutter contre ces stéréotypes sexistes, rappelle de plus, à quelques jours de la Journée Internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, l’engagement pris en février dernier par la Région de créer un Observatoire régional des violences faites aux femmes, qui permettra de renforcer l'accompagnement des Franciliennes victimes de violences, que ce soit au travail, dans les lieux publics et les transports en commun ou au sein du couple. En Ile-de-France, plus d'une femme sur dix est concernée par les violences conjugales (2009, enquête de l'IAU). En 2009, 17 femmes sont décédées dans notre région sous les coups de leur compagnon ou de leur ex-compagnon.
Depuis plusieurs années, la Région agit pour accompagner les femmes victimes de violences familiales ou conjugales, notamment en matière d’accueil et d’hébergement d’urgence, en soutenant la création et la réhabilitation des centres d'hébergement et des accueils de jour. Ainsi, entre 2004 et 2011, l’implication régionale a permis de soutenir 63 opérations soit 2 616 places au total et 33 accueils de jour, et, depuis 2008, la Région s’est engagée à réserver chaque année 50 logements sociaux aux femmes victimes de violences conjugales.
Mais nous le savons, malgré les efforts des pouvoirs publics et des associations qui œuvrent sans relâche, l’application de l’ordonnance de protection est souvent difficile, notamment à cause d’un déficit persistant d’hébergements d’urgence et d’hébergements durables. A une situation de souffrance psychologique et physique, s’ajoute trop souvent une situation de précarité pour les victimes et leurs enfants. C’est la loi de la double peine qui s’applique dans de nombreux cas ! Cette situation est inacceptable et nous amène à réfléchir collectivement à des actions alternatives qui permettraient de compléter les dispositifs existants. Le groupe socialiste et républicain présentera tout à l’heure un amendement dans ce sens.

Cher- e-s collègues, devant l’ampleur de la tâche qui nous concerne toutes et tous, nous apportons notre soutien à l’ensemble des mesures proposées par le groupe Front de gauche, et nous voterons favorablement ce rapport.

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