En séance plénière du Conseil régional, les 22 et 23 novembre, j'ai eu l'occasion d'intervenir sur les engagements de la Région Ile-de-France pour l'égalité entre les femmes et les hommes, au cours du débat sur le rapport proposé par le groupe Front de Gauche sur ce sujet, et après le vote de la Convention cadre "Territoires d'excellence en matière
d'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes" qui engage un
partenariat entre l'Etat et la Région. Vous trouverez ci-dessous la vidéo et le verbatim de mon intervention.
Monsieur
le Président,
Cher-e-s
Collègues,
En
2012, la marche pour l’égalité entre les femmes et les hommes est
loin d’être achevée. Crise économique et sociale,
représentations sexistes tenaces, idéologies rétrogrades et
intégrismes de tous ordres, autant de menaces et de freins à
l’égalité des droits des citoyennes et des citoyens.
La
conquête d'un égal accès aux droits pour les femmes n’est pas
une « affaire de femmes » mais bien un enjeu au cœur de
notre société. Notre
pays ne progressera pas si la moitié de la société continue à
être discriminée et freinée dans sa lutte pour l’émancipation.
De
ce fait, l’égalité femmes-hommes n’est pas une politique
publique ordinaire, c’est avant tout une conception de notre
société, qui doit infuser l’ensemble des politiques publiques,
qu'il s'agisse de l'éducation et de la formation, de l'emploi ou de
la lutte contre les processus discriminatoires dans tous les
domaines. Ces combats ont été de tout temps portés par l’ensemble
des partis de gauche. L’élection de François Hollande en mai
dernier permet d’ouvrir un nouveau champ de conquêtes pour les
droits des femmes au travers de la création d’un Ministère dédié,
placé sous l’autorité du Premier ministre.
Agir
pour passer de l’égalité des droits à l’égalité réelle,
c’est dans ce sens que la Région Île-de-France, sous l’impulsion
du vice-président Abdelhak Kachouri, a souhaité orienter ses
travaux au travers du rapport cadre « Politique régionale pour
l’égalité réelle et contre les discriminations », voté le
16 février dernier par cette assemblée.
Le rapport proposé par le groupe Front de gauche confirme et renforce un
travail engagé collectivement par la région depuis plusieurs années
et qui se traduira par la mise en œuvre d’un Plan
d’action spécifique en faveur de l’égalité entre les femmes et
les hommes qui sera présenté par le vice-président en février
2013.
La dynamique francilienne pour la promotion de l’égalité femmes-hommes est bien engagée !
La dynamique francilienne pour la promotion de l’égalité femmes-hommes est bien engagée !
Nous
avons pu le constater tout à l’heure avec la présentation de la
convention
cadre qui engage la Région et l’Etat à développer des
expérimentations en matière d’égalité professionnelle entre les
femmes et les hommes. Ce
partenariat interviendra sur deux grands volets, « l’égalité
professionnelle dans les PME et TPE », sachant que les petites
et moyennes entreprises représentent en Ile-de-France plus de 60 000
entreprises et plus du tiers des emplois (37%). Il s'agit aussi de
promouvoir la mixité des filières et des métiers dans un contexte
où l'emploi féminin se trouve polarisé sur un nombre restreint de
professions, en particulier dans les secteurs para-médical et
social.
Nous
nous réjouissons que notre collectivité s'engage aux côtés de
l'Etat dans une action volontariste dans ce domaine, car l'égalité
professionnelle et l’autonomie financière constituent, aujourd'hui
comme hier, un aspect central du combat féministe permettant de
concrétiser l’indépendance et l’émancipation des femmes.
En
effet, si les femmes ont progressivement conquis le droit de
travailler, d’obtenir un salaire égal pour un travail de valeur
égale, dans les faits, de nombreuses inégalités demeurent, et
même s'aggravent en période de crise : inégalités de
rémunérations, évolution professionnelle plus lente, plafond de
verre qui freine l'accès des femmes aux postes à hautes
responsabilités, concentration des femmes dans des métiers moins
valorisés et moins rémunérés, sous-représentation dans les
créations d'entreprises (on compte 1 créatrice pour 3 créateurs d'entreprises en IDF)…
Depuis
le début de la crise économique, la proportion des femmes salariées
à temps partiel, bien souvent contraint, s’est encore accrue, en
particulier parmi les jeunes femmes de moins de 25 ans. Le
temps partiel, à 73% féminin, se conjugue fréquemment avec des
statuts d'emploi temporaires
: à situation équivalente, la probabilité pour une femme
d'occuper un CDI est inférieure de 10 points à celle des hommes.
Les
emplois précaires sont souvent associés à des horaires atypiques
et des conditions de travail difficiles,
préjudiciables à la santé des femmes, et à leur vie personnelle
et familiale. Nous
pensons tout particulièrement aux quelques 400 000 franciliennes
qui élèvent seules de leurs enfants.
En effet, seule
une mère de famille monoparentale sur deux occupe un emploi à temps
complet et plus de 30 % vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Leurs
contraintes, et tout particulièrement celles des mères d'enfants en
bas âge, pénalisées par le manque de modes de garde, surexposent
les moins qualifiées aux emplois précaires et au chômage. Le
rapport du Secours catholique, publié il y a quelques jours, a mis
en lumière ce phénomène : si en 2001, cette association
rencontrait autant de femmes que d’hommes, dix ans plus tard, 57 %
des adultes en situation de pauvreté sont des femmes.
Précarité, faibles rémunérations – rappelons que les deux-tiers
des salariés à bas salaires sont des femmes – ont des
répercussions
inéluctables sur le niveau des pensions de retraite : en 2009, les femmes représentaient 70 % des bénéficiaires du
minimum vieillesse, et le niveau des pensions des femmes était
inférieur de 46% à celui des hommes.
L’égalité
des carrières professionnelles et des rémunérations entre les
femmes et les hommes doit donc enfin devenir une réalité et
c’est tout l’enjeu de la convention « Territoire
d'excellence » signée avec l’Etat, par laquelle notre région
s'engage à promouvoir
une culture de l'égalité
dans l'entreprise comme dans la formation initiale, tâche décisive
quand on sait combien pèse sur l'orientation des jeunes un
déterminisme
sexué construit dès la petite enfance, et je pense notamment aux jeux symboliques et aux publications destinés aux « bébés
filles » ou aux « bébés garçons ».
Le rapport présenté par le Front de gauche, dont l'une des propositions
centrales est précisément de renforcer les moyens que met en œuvre
notre collectivité pour lutter contre ces stéréotypes sexistes,
rappelle de plus, à quelques jours de la Journée Internationale de
lutte contre les violences faites aux femmes, l’engagement
pris en février dernier par la Région de créer un Observatoire
régional des violences faites aux femmes, qui
permettra de renforcer l'accompagnement des Franciliennes
victimes de violences, que ce soit au travail, dans les lieux publics
et les transports en commun ou au sein du couple. En Ile-de-France,
plus d'une femme sur dix est concernée par les violences conjugales
(2009, enquête de l'IAU). En 2009, 17 femmes sont décédées dans
notre région sous les coups de leur compagnon ou de leur
ex-compagnon.
Depuis
plusieurs années, la Région agit pour accompagner les femmes
victimes de violences familiales ou conjugales, notamment en matière
d’accueil et d’hébergement d’urgence,
en soutenant la création et la réhabilitation des centres
d'hébergement et des accueils de jour. Ainsi, entre 2004 et 2011,
l’implication régionale a permis de soutenir 63 opérations soit
2 616 places au total et 33 accueils de jour, et, depuis 2008,
la Région s’est engagée à réserver chaque année 50 logements
sociaux aux femmes victimes de violences conjugales.
Mais
nous le savons, malgré les efforts des pouvoirs publics et des
associations qui œuvrent sans relâche, l’application de
l’ordonnance de protection est souvent difficile, notamment à
cause d’un déficit persistant d’hébergements d’urgence et
d’hébergements durables. A
une situation de souffrance psychologique et physique, s’ajoute
trop souvent une situation de précarité pour les victimes et leurs
enfants.
C’est la loi de la double peine qui s’applique dans de nombreux
cas ! Cette situation est inacceptable et nous amène à
réfléchir collectivement à des actions alternatives qui
permettraient de compléter les dispositifs existants. Le groupe
socialiste et républicain présentera tout à l’heure un
amendement dans ce sens.
Cher-
e-s collègues, devant l’ampleur de la tâche qui nous concerne
toutes et tous, nous apportons notre soutien à l’ensemble
des mesures proposées par le groupe Front de gauche, et nous voterons favorablement ce rapport.
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