La mobilisation était belle aujourd'hui pour défendre les 35 heures, mais je l'aurais espérée plus soutenue, dans un contexte où l'on voit les atteintes au droit du travail se multiplier, en France et en Europe.
On a d'autant plus de raisons de s'inquiéter que, dans le même temps, le Conseil des ministres européens a adopté mardi 10 juin une directive sur le temps de travail qui permet d'aller jusqu'à 65 heures hebdomadaires (tout cela est bien expliqué par Henri Weber, député européen, sur son blog, où la directive est téléchargeable).
La directive actuelle fixait la durée hebdomadaire maximale de travail à 48 heures, y compris les heures supplémentaires (art. 6), mais permettait de déroger à ce maximum si l’employeur obtenait l’accord du travailleur (art. 22), possibilité de dérogation accordée à la demande de la Grande-Bretagne et connue sous le nom de « opt-out » [possibilité de ne pas opter pour une règle]. De plus, la directive fixait la période de référence pour le calcul de la durée moyenne de travail hebdomadaire à un maximum de quatre mois (art. 16).
Dans la nouvelle directive, "l'opting out" est consacré, ce qui permet d'allonger la durée du temps de travail jusqu'à 65 heures, et même au-delà si une convention collective ou un accord l'autorise (art. 22 modifié). Retour au XIXe siècle et ses onze ou douze heures de travail quotidiennes ?
De plus, ce temps de travail est mesuré suivant une nouvelle définition : la nouvelle directive distingue « temps de garde » et « période inactive du temps de garde » (temps pendant lequel le travailleur, bien que présent sur le lieu de travail, n’exerce pas ses fonctions), qui n’est plus comptabilisé comme temps de travail mais comme temps de repos (art. 2 modifié). Les salariés employés dans le secteur médical pourraient ainsi voir leur temps de travail hebdomadaire (garde active et inactive) atteindre 65 heures ou plus…
Enfin, le temps de référence pour le calcul de la durée du travail est porté de 4 à 12 mois, ce qui donne aux employeurs le droit d'organiser unilatéralement le temps de travail de leurs salariés sur une période d'un an, au mépris de leur vie familiale.
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